La hache lancée, je regrettais aussitôt de l’avoir fait. Avec une telle précision de lancer, je me doutais que la personne qui se trouvait en face de moi se prendrait l’arme que je venais d’envoyer.  J’avais vu juste. L’homme venait d’hurler comme un enfant à qui on retirait son jouet préféré. Je ne savais toujours pas son identité mais je commençais à avoir des soupçons. Ce n’était pas un pacificateur et encore moins un de ces mineurs durs et forts.

Je m’avançai vers ma soi-disant victime qui pleurait à chaudes de larmes. Plus je marchais vers lui, plus je voyais sa silhouette reculer tant bien que mal. Je venais de blesser une personne totalement innocente et je m’en voulais. Est-ce les jeux qui m’avaient rendu ainsi ? Je n’en savais rien et je me faisais peur. Cela me faisait peur.

Debout devant l’homme, je le regardais. Je voulais l’aider. Un agresseur qui aide son agressé ! N’importe quoi ! Pourtant c’est ce que je voulais faire. Cependant, il me repoussa. Il me hurla dessus pour se protéger. Et il avait raison. Il devait avoir peur de moi, j’étais un monstre après ce que je venais de faire. Je reconnu alors le visage de celui qui s’était retrouvé à terre par ma faute. C’était Lullaby. Un homme que j’avais rencontré il y a peu de temps, il avait appris d’où je venais et depuis, il souhaitait savoir mon passé, ma vie antérieure. Il était quelqu’un de gentil, il ne faisait de mal à personne et aujourd’hui, je venais de le traumatiser. Quel con !

Lullaby, calmes-toi, respires…

Il avait été touché à l’épaule. Rien de grave. Il ne perdait pas tellement de sang. Il avait mal, je m’en doutais, je connaissais cette douleur, je l’avais connu pendant les jeux. Quand cet enfoiré du 2 m’avait planté un couteau dans la cuisse. Mais je sentais cette peur qu’il y avait autour de lui.  Il était totalement en état de choc. Et c’était de ma faute. J’avais commis une erreur. Une erreur irréparable. Il allait m’en vouloir jusqu’à sa mort ou la mienne.
Je me baissais pour être proche de lui. Je devais le soigner. C’était mon devoir maintenant. Je devais le ramener à la maison.

Je vais te soigner, il faut juste que tu te lèves.

J’espérais qu’il suive ce que je disais. Je me relevai tout en lui tendant la main pour qu’il se relève sans trop de mal. Son épaule n’était pas belle mais ce n’était pas catastrophique. Je savais qu’avec l’aide de ma tante, j’arriverais à le soigner correctement.

Au fond de moi, je savais que je lui devais maintenant n’importe quoi. Il pourrait me demander de lui raconter ma vie, je le ferais sans rechigner. De lui sauver la vie, je le ferais. J’avais une dette envers lui  qui durerait jusqu’à ce que je me retrouve froid, blanc, dans mon lit.

Je voulais qu’il se relève, qu’il me fasse face pour m’insulter, pour qu’il me dise tout ce qu’il avait sur le cœur. Je le comprenais, je venais de le blesser. Il devait me détester, me haïr. Et je le méritais.

Même si tu ne me vois plus comme une personne bien, est-ce que tu peux accepter que je te soigne ?

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