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 (aidan) waiting for the dawn to come.

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Rosaë Lionheart
Rosaë Lionheart

Ici depuis le : 26/01/2014
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MessageSujet: (aidan) waiting for the dawn to come.   (aidan) waiting for the dawn to come. EmptyJeu 20 Fév - 22:50

aidan + rosaë.
and sang a song to save us all.
Il fait déjà nuit lorsqu'elle s'enfuit. Enfin, ce n'est pas vraiment une fuite, puisqu'elle n'y est pas retenue prisonnière. Parce que Rosa, elle n'habite nulle part de toute façon. Ni chez des parents inexistants, ni chez cet oncle qui la traite plus comme une intruse. Alors, elle court. Vite, parce que si on la choppe à ce moment-là, elle va passer un sale quart d'heure, ça fait plus d'une bonne heure que le couvre feu est dépassé. Et bien qu'elle soit contre toute autorité, se faire fouetter le lendemain, ce n'est pas forcément dans ses plans. Alors, elle court vite, on la voit à peine, on ne l'entend quasiment pas. Elle file, discrète comme un loup. Et elle fonce vers la Plaque. Vers cette deuxième maison, ce foyer qu'elle espère découvrir peuplé. Mais il est tard, Rosa, tu croyais quoi ? La nuit est tombée, l'oppression aussi, et l'endroit est désert. Elle ne croise qu'un chat, qui siffle sur son passage. Aussi peu sociable qu'elle. Aussi esseulé. Aussi sauvage. Elle frissonne et s'enveloppe de ses bras. Elle n'a rien pensé à prendre, Rosa elle part souvent sur un coup de tête, comme ça, elle s'enfuit d'un seul coup sans bien savoir pourquoi, et elle réfléchit après. Elle déambule entre les stands vides. La contrebande est cachée, mais de toute façon, c'est bien le dernier endroit qu'elle viendrait voler. Elle ne trahirait jamais les siens. Ceux de cette espèce-là. Ceux qui sont nés dans la poussière et qui en crèveront sûrement, mais avec le poing levé. Elle soupire soudain, accablée d'une fatigue imminente, et déniche un petit creux entre deux établis. Elle y enlève un peu la poussière, les bouts de verre, l'odeur de misère. Elle s'y assoit, et ramène ses genoux contre elle, avant de se balancer d'avant en arrière doucement. En fait, parfois elle aimerait bien tout laisser. Lâcher prise. Pleurer ses parents qu'elle ne connait pas. Pleurer sa situation qui n'tourne plus rond. Pleurer le Pacificateur qu'elle a abattu accidentellement il y a deux ans. Mais non, Rosa, elle n'pleure pas. Elle se balance, comme une enfant. Après plusieurs minutes de cette drôle de torpeur muette, elle rapproche d'elle un vieux carton. S'en couvre les jambes et pose son dos contre le mur froid et dur. Mais peu importe. Elle ferme les yeux, mais ne dort pas. Se contente de se demander pourquoi. Soudain, ses sens affutés comme ceux d'une proie perçoivent un bruit. Des pas. Légers, discrets, ceux d'un chasseur, comme elle. Ceux de quelqu'un qui est habitué à courir pour sauver sa peau. Elle retient sa respiration et se fait plus discrète que jamais, laissant l'océan de ses yeux clairs épier l'obscurité.
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MessageSujet: Re: (aidan) waiting for the dawn to come.   (aidan) waiting for the dawn to come. EmptyVen 21 Fév - 18:20

safe and sound.
i'd show you what you wanna see, i'd take you where you wanna be.
Maman, tu ne pourras pas continuer longtemps comme ça, tu le sais.. Aidan couve sa mère d'un regard tendre et affectueux, une légère onde de pitié traversant ses pupilles. Elle n'aime pas ça. Il le sait. Et loin de lui son envie de la mettre en colère, pas maintenant. Mais ces doigts sales, ces ongles saignants, ce dos courbé. La simple idée de la savoir souffrante le culpabilise au plus profond de son âme ; il veut la voir souriante, fière et heureuse, juste une seule fois, juste une seconde, qu'elle quitte sa chaise de bois humide, abîmée par les diables du temps, et sa machine à coudre, pour enfin, depuis tout ce temps, retrouver sa fraicheur et sa joie d'antan. Elle détourne le regard, croise un bref instant les pupilles de son fils, et serre la mâchoire. Il remet sa résistance en jeu et elle n'aime pas ça. Malgré tout. Evidement qu'elle finira par craquer, s'écrouler, laisser tomber, évidement qu'elle est faible et pathétique, mais elle n'abandonnera pas. Jamais. Elle ne veut que le bien de ses deux enfants, ses perles, ses diamants. Quoi qu'il en coute. Le repas se termine dans cette ambiance froide et gênée, malgré les quelques interventions de Maïwenn. Elle commente les cheveux abimés de sa mère, les cernes d'Aidan, la peinture grisâtre et triste du mur, évoque son dernier dessin, représentant une magnifique jeune fille souriante, qu'elle dit originaire de leur district, les fleurs colorées, la beauté du ciel dégagé. Que de belles choses insouciantes qui font sourire Aidan. La naïveté attachante de sa soeur, bien que plus âgée que lui, lui permet de se décrocher de la dure, cruelle et injuste réalité, pendant quelques instants. Elle est la seule à en être capable. La seule à réellement illuminer son regard, éveiller son imagination, nourrir la dose d'amour qu'il lui faut, qu'il ne demande pas, qu'il prétend ne pas avoir besoin. Mais il ment. A sa mère, à sa soeur, à ses amis, à lui-même. Il en a besoin.

Allongé sur les draps sales de son lit, Aidan pense. Comme souvent. Peut-être trop souvent. S'il est de nature assez réaliste, il ne peut s'empêcher, tard le soir, perdu dans ses pensées, dans ses rêves, d'imaginer une autre vie, ailleurs, loin. Sans Capitole, sans jeux de la faim, sans victimes, sans répression, sans souffrances, sans douleurs. Son père, tout comme son frère, seraient toujours là. Vivants. Condamné à grandir trop vite, c'est à l'âge de seize ans, alors qu'il est encore susceptible d'être moissonné, et davantage encore avec le poids des tessereas, que le père d'Aidan est mort. Quatre ans plus tard, son frère est envoyé aux Jeux, et tué dès les premiers jours. Il a dû prendre la famille en main, réconforter Maïwenn, ainsi que sa mère, au bord du gouffre après ces deux douloureuses pertes. Devenu l'homme de la famille, il a vu énormément de responsabilités tomber sur ses fragiles épaules, qui n'ont eu d'autre choix que de se consolider, rapidement, risquant de se briser à tout moment. Apprendre à chasser, ramener chaque soir du gibier au risque de s'endormir le ventre vide, vendre illégalement sa viande, subir les punitions des pacificateurs régulièrement, et publiquement. C'a été dur. Brutal. Ca l'est encore. Mais il n'a as le choix.

Aidan ne lève, il n'arrive pas à s'endormir et décide, une fois de plus, de contester l'autorité et d'enfreindre le règlement. C'est souvent, et il part confiant, aucune peur d'être repéré traverse son esprit. Il a l'âme et les pas d'un chasseur ; discret et silencieux, il sait comment se fondre dans l'obscurité, d'autant plus lorsque le terrain n'est autre qu'un lieu dont il connait chaque angle, le recoin. La Plaque. C'est devenu son quotidien. Il connait beaucoup de monde là-bas, s'est fait une réelle place dans le marché noir. Il y vend son gibier, qu'il a chassé l'après-midi-même, pour un bon prix, qui lui permet d'acheter du fromage de chèvre, quelques oeufs, lorsque la chasse a été bonne. Au fond, s'il n'y avait que lui à nourrir, à tenir en forme, en une médiocre santé, il s'enfuirait, quitterait ce district, s'enfoncerait dans le mystère de la forêt, qui ne lui fait pas peur. Mais il y a sa mère, et sa soeur. Il ne peut se résigner à les abandonner. Ses yeux guettent chaque mètre carré, il pourrait répéter n'importe quel signe de vie, même infime. Les pacificateurs ne rodent que rarement, la nuit. Ici, tout le monde obéit. Tout le monde a peur. Sauf les rebelles, ceux qui, comme Aidan, détestent le Capitole, détestent cette injustice, et dont la haine a pris une place considérable dans leur coeur. Ses frères d'armes, qu'il les connaisse ou non, qu'ils s'avouent protestants ou non. Les mains dans les poches de son manteau en cuir, son seul souvenir de son père, il avance dans le blizzard, le vent glacial qui lui balaye la figure, le repousse. Il ne tremble pas, tient bon. Et il l'aperçoit. Recroquevillée sur elle-même, coincée derrière un carton, elle est là. Rosa.. Elle lui a tant manqué, il est heureux de la revoir, après quelques jours sans l'avoir croisé ni dans le district, ni dans la forêt, ni au marché, ni à la veine. Elle parait malheureuse. Elle l'est. Il le sait, et son instinct protecteur le pousse à s'approcher, la réchauffer, l'aider, par tous les moyens. Il tient énormément à Rosa. Voisins, depuis l'enfance, ils sont inséparables et il la considère réellement comme sa meilleure amie, une partie de lui. Il la connait par coeur, elle le connait mieux que personne. Ils n'ont pas besoin de se montrer qu'ils tiennent l'un à l'autre pour le rappeler. Et Aidan s'en voudrait terriblement s'il laissait son amie dans cet état là. Qu'est-ce que tu fais là ? Il est tard, et le couvre-feu est passé depuis longtemps déjà.. Déclare-t-il en s'asseyant à ses côtés, l'épaule droit collé contre le sien, les pieds sous le carton inutile. Il regrette aussitôt ses paroles. Il sait que Rosaë n'a pas la vie facile, que sa situation familiale est aussi délicate que la sienne, qu'elle est une bête sauvage, qu'elle ne respecte pas les règles, qu'un vulgaire couvre-feu ne l'arrête pas. Au contraire. Instauré par le Capitole, il sait qu'elle aura tendance à le violer, par simple opposition à ce luxurieux district qu'elle haie autant que lui. Un point commun qui les rapproche beaucoup. Et après tout, il est dans la même situation. Seul, dans le froid, à la Plaque, après le couvre-feu. Désolé, c'était nul.. j'aime pas te voir comme ça, tu sais. Il plonge son regard dans le sien, n'esquissant aucun sourire. Il attrape la main de la blonde, geste qu'il ne ferait nullement dans d'autres circonstances, et enlace doucement les doigts de la belle autour des siens. Il sait qu'elle ne le repoussera pas. Tout le monde a besoin d'amour.


Dernière édition par Aidan Greyson le Dim 23 Fév - 17:50, édité 1 fois
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Rosaë Lionheart
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MessageSujet: Re: (aidan) waiting for the dawn to come.   (aidan) waiting for the dawn to come. EmptyVen 21 Fév - 22:13

Elle ne tremble même pas. Tant sa peau est tendue, tant ses muscles sont bandés. Comme ceux d'une proie aux aguets, comme si elle se préparait à détaler à toute allure. Pour sauver sa peau. Dans sa vie, pas de grande tragédie. Pas de parents tués ou suicidés. Pas de fratrie décimée. Pas de protecteur disparu ni de protégé arraché. Rien. En fait Rosa, elle n'a jamais eu suffisamment de monde autour d'elle pour risquer de perdre qui que ce soit. Et c'est peut-être mieux ainsi, en réalité. Même si des fois, elle se surprend à imaginer. Imaginer autre chose. Quelque part plus loin. Même très loin d'ici. C'est comment, au district deux ? Et dans le 4, est-ce qu'il y a vraiment la mer ? Putain ce qu'elle aimerait savoir à quoi ça ressemble, la mer. Si c'est vraiment bleu, si les vagues ondulent vraiment, si ce qu'on raconte est vrai, si on peut y plonger et ne pas se tuer. Ici, il n'y a que des océans de misère. Des écumes de désespoir qui flottent au bord des yeux comme des marées égarées. Alors en fait, peut-être qu'elle ne veut pas voir de mers, ni d'océans. Juste des sourires dans les regards et retrouver un peu d'espoir. Elle se recroqueville, sans faire un bruit, fixant toujours l'obscurité épaisse à laquelle ses yeux se sont habitués. Les pas se rapprochent. Seul un fou peut traverser la Plaque à une heure pareille. Seul quelqu'un comme elle. Seul lui, en fait. « Rosa.. » Elle le suit des yeux. Elle n'a pas bougé, n'a pas parlé, n'a pas esquissé le moindre signe qui indique qu'elle est clairement consciente, en fait. Il y a juste ses prunelles, qui le suivent, comme deux aimants. Elle ne répond pas. Elle le laisse approcher, le laisse entrer dans sa bulle, dans son monde. Cette espèce de sphère bien trop protégée pour être accessible. Trop protégée pour être touchée. Pour être aimée. « Qu'est-ce que tu fais là ? Il est tard, et le couvre-feu est passé depuis longtemps déjà.. » Là par contre, elle est obligée de réagir. En fait, c'est d'abord un rire qui s'empare de ses lèvres. Non, pas un rire franc, sincère, pas celui qui tinte contre les rochers au bord d'une rivière. Un rire sec. Moqueur. Sarcastique. Le couvre-feu ? Elle brûlerait presque de se faire prendre en flagrant délit. Juste pour qu'ils voient qu'elle n'a pas peur. Elle ne croit même pas à une révolution, c'est juste par provocation. Elle n'croit pas vraiment en grand chose, Rosa. Elle soupire, très légèrement. C'est pas contre lui, jamais contre son cher Aidan. Mais contre tout le reste. Contre la terre entière. « Si tu savais ce que j'en fais de leur couvre en feu. » réplique-t-elle d'un ton lascif et effronté, en retroussant un peu son nez comme une enfant espiègle. Elle lève ses grands yeux clairs vers lui, et se sent soudainement toute petite. Son épaule contre la sienne la rassure, elle qui déteste pourtant tout contact. Simplement parce qu'elle n'en a que rarement eu. Trop rarement. « Désolé, c'était nul.. j'aime pas te voir comme ça, tu sais. » Elle soutient profondément son regard. Comme ça ? Mais comme quoi, Aidan ? J'suis comme ça tout le temps, moi, tu sais. Rosaë penche la tête sur le côté. Et soudain, frémit en sentant sa main se faire prendre en otage par celle, plus grande et plus chaude, du brun. Et soudain, elle redevient une enfant. Celle qui aurait eu besoin d'une épaule plus grande pour pleurer son abandon. Elle sent des larmes traîtres lui monter aux yeux, mais sa colère naturelle les repousse. Un jour, elles sortiront sûrement. Mais pas maintenant. La petite sauvage dépose sa tête sur son épaule, sans répondre tout de suite, si bien qu'on croirait qu'elle ne répondra pas. Elle serre délicatement ses doigts, comme pour se rassurer. Ils sont seuls. Mais elle n'est pas seule, pour une fois. Quelqu'un est là pour empiéter un peu sur sa nuit, sur sa vie, sur son elle. Elle remet sa tête droite, observe le désert que forme la Plaque. « Moi j'aime bien te voir tout court. » répond-elle soudainement. C'est pas vraiment son genre, à Rosa, de balancer ce genre de trucs. Mais vraiment pas. Mais ce soir, elle n'sait pas, p't'être qu'elle en avait besoin ou envie, ou les deux. Elle se mordille la lèvre. C'était stupide de balancer ça. Ici, entre la misère et l'manque de sommeil. Elle soupire, soupire encore, soupire même plus encore à l'intérieur d'elle-même. Soudainement, ses doigts se resserrent autour de la poigne ferme et rassurante du mineur. Elle se redresse, et cherche son regard. « Tu vas chasser, demain ? » qu'elle demande à la dérobée, cherchant une réponse sur son visage. Mais elle enchaîne, avant même d'avoir eu une réponse. « Y a deux jours, j'ai vu un cerf, mais il est vraiment énorme, et j'pourrai pas le dépecer moi-même. En fait, j'crois que j'arriverai même pas à le déplacer, même si je le tuais. » Son regard se replonge minutieusement dans l'étude des ombres autour d'eux. Elle chuchote, à mi-voix, une habitude prise dès lors que la nuit est tombée. Et, comme pour le pousser à accepter ce qu'elle n'ose pas lui demander, elle ajoute, d'un ton sincère et grave à la fois : « On partagerait, bien sûr. Et ça pourrait être utile à ta mère, ce que tu ramèneras avec cet argent gagné. Je sais que Paco, à la Plaque, raffole du cerf et qu'il en paie le prix. »
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MessageSujet: Re: (aidan) waiting for the dawn to come.   (aidan) waiting for the dawn to come. EmptyDim 23 Fév - 8:44

L'obscurité n'effraie pas Aidan. Ou du moins, elle ne l'effraie plus. Depuis qu'il va à la mine, depuis que son frère est mort aux Jeux, depuis qu'il doit, chaque nuit, réconforter sa mère, tremblante et fragile, et pourtant si déterminée et battante, depuis qu'il doit veiller sur sa sœur et sa maladie. Il a grandi trop vite, mais il ne s'en plaint pas. Et même si il souffre, même si cette rage, cette haine contre tous, contre eux, contre lui, le bouffe de l'intérieur, le consume petit à petit vers les diables ténèbres, vers la froideur et la noirceur, où même le blizzard ne pourrait ne glacer davantage, il ne se plaint pas, non, jamais. C'est pour les faibles, les vulnérables, les gens à plaindre. Ceux qui ne croient en rien, ceux qui n'ont plus d'espoir, plus de dignité, plus la force de penser en un jour meilleur, en un jour nouveau, en une rébellion, en des amis, en une famille, en une force au fond de soi. Ceux qui n'ont plus rien, livrés à eux-mêmes dans cette jungle, dans cet océan sauvage de misère et de désespoir. Les bêtes fauves ne se plaignent pas. Les gens comme lui. Les rebelles, les forts, les durs à cuire. Ceux qui se battent, ceux qui ont une famille à protéger, des valeurs, des ambitions, ceux qui osent encore rêver, ceux qui se font fouetter sur la place en public, ceux qui n'ont peur de rien, qui n'ont pas froid aux yeux, qui n'hésitent pas à cracher, insulter, violer le règlement, dire ce qu'il penser, penser ce qu'ils disent. Ceux qui assument d'être des pauvres, des misérables, des moins que rien. Ceux qui n'en peuvent plus d'être les derniers, les rejetés. Ceux qui ont la rage, et ceux qui le montrent. Si tu savais ce que j'en fais de leur couvre en feu. Je sais. Il répond au tac au tac, alors que Rosa rit. Sèchement. Comme pour se foutre de la gueule du monde entier. Il ne prend pas cela pour une attaque contre sa propre personne, il sait qu'il ne s'agit pas de cela. Il connait Rosa depuis bien trop longtemps pour penser cela. Il connait son histoire, sa situation, sa haine. Il est un des seuls à être autorisé à entrer dans sa bulle, et prend soin de ce privilège. Elle n'est pas facile à vivre, c'est vrai. Comme lui, comme beaucoup, comme tous les autres. Mais elle a cette chose, indescriptible, qu'Aidan peut lire dans son regard. Cette attitude fourbe et cette rage dans les pupilles. Elle n'a peur de rien, serait prête à tout. Mais aussi cette dangereuse envie de provocation, de leur montrer qu'elle ne leur appartient pas, et qu'importe tous les coups qu'ils donneront, toutes les sanctions qui tomberont, jamais, jamais, elle ne leur obéira, les écoutera, les appréciera ou les adulera. Et Aidan veut le protéger. La protéger d'elle-même. Elle resserre son emprise autour de la main d'Aidan et il esquisse un léger sourire. Ces moments de complicité sont si rares, et il tient tant à Rosa, que ce simple geste affectif est comme une récompense pour lui. Un résultat à tous les efforts qu'il fournit auprès de la belle, pour la comprendre, lui parler, l'accompagner, et ce depuis leur enfance déjà. Ils n'ont pas besoin de se raconter toute leur vie, tous leurs problèmes, pour comprendre qu'ils vivent tous deux dans la misère. Il ne leur faut qu'un simple regard pour lire ce que l'autre a réellement sur le cœur. Et même dans la nuit noire, alors qu'Aidan est incapable d'apercevoir les pupilles sombres de Rosa, il sait qu'elle est là, et qu'elle a besoin de lui. Il le comprend, dans tous ses gestes, elle trahit son manque d'affection, son besoin d'amour, et encore une fois, il est là. Il sera toujours là. Comme pour sa mère, peur sa sœur, pour Siobhan. A la vie, à la mort. Moi j'aime bien te voir tout court. Un nouveau sourire se dessine sur les lèvres du garçon. Il n'est pas dans les habitudes de Rosa de lui montrer qu'elle aime sa présence, mais l'entendre lui fait énormément de bien. Se sentir important, utile, au moins pour quelqu'un. Son ultime but, sa seule récompense. Tu vas chasser, demain ? Y a deux jours, j'ai vu un cerf, mais il est vraiment énorme, et j'pourrai pas le dépecer moi-même. En fait, j'crois que j'arriverai même pas à le déplacer, même si je le tuais. On partagerait, bien sûr. Et ça pourrait être utile à ta mère, ce que tu ramèneras avec cet argent gagné. Je sais que Paco, à la Plaque, raffole du cerf et qu'il en paie le prix. Il trouve enfin son regard, le plonge dans le sien. Elle murmure, juste assez fort pour que seul Aidan puisse l'entendre. Ca fait longtemps qu'ils n'ont pas chassé ensemble. Et ça lui manque, beaucoup. Toujours la main dans la sienne, l'épaule contre le sien, il prend la parole, chuchote. On ira tous les deux, et demain soir, on va manger comme des capitoliens. Déclare-t-il ironiquement, prononçant le dernier mot avec une certaine douleur, une certaine rage apparente dans la voix. Il pourrait s'étendre sur le sujet, les traiter de tous les noms, rager sur ces repas fantastiques, se moquer de ces tenues et maquillages excentriques, imiter leurs mimiques et façons de parler avec mépris. Il l'a tellement fait, après tout. Mais ce soir, non, c'est pas le bon soir. Ça servirait à rien. Pas ici, pas avec Rosa. Et après tout, à quoi bon ? Ils ne changeront pas le monde en les détestant, rien qu'en les détestent, même au plus profond de leur âme. Ils changeront le monde en le montrant, publiquement, ouvertement, en se mettant en danger. En osant. Alors qu'il s'apprête à reprendre la parole, un léger craquement, lointain, attire son attention. Il fronce les sourcils. On devrait pas rester ici. Inconsciemment, il resserre légèrement son emprise sur la main de Rosaë. Rester près d'elle, quoi qu'il arrive, même si elle n'a définitivement pas besoin de lui.
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MessageSujet: Re: (aidan) waiting for the dawn to come.   (aidan) waiting for the dawn to come. EmptyLun 24 Fév - 22:35

« Je sais. » Bien sûr, qu'il sait. Il sait tout d'elle, ou presque. Elle lui confie tout. Dans un silence, dans un regard, dans un demi-sourire accroché à ses lèvres fines. L'obscurité toute autour est presque rassurante. Presque comme si c'était normal, entre eux. Le silence, l'ombre. Et pourtant, tant de compréhension, d'échanges muets. Comme une complicité offerte à mains nues. Elle se mordille doucement la lèvre. Par habitude, par manie. Ce qui les écorche encore plus, alors que le froid du dehors les met déjà bien assez dans un état minable. Mais là sur le moment, elle s'en fiche. En fait, elle a presque chaud, contre lui. En fait, elle serait presque bien. S'ils n'étaient pas cachés à la Plaque comme deux fugitifs. S'ils n'étaient pas deux miséreux du District Douze. S'ils étaient loin d'ici. Ou peut-être carrément dans une autre vie. « On ira tous les deux, et demain soir, on va manger comme des capitoliens. » Et Rosa, elle l'entend, dans sa voix. Toute sa douleur, toute sa colère. Tue, gardée, camouflée. Est-ce qu'un jour elle s'enfuira de sa cage thoracique pour devenir des gestes. Pour devenir des menaces envers ce Capitole. Elle espère. Secrètement, elle espère. C'est égoïste, certes. Mais pourtant. Elle sourit tranquillement, l'observant du coin de l'oeil comme on surveillerait un enfant. Ou un parent. Sans même lui répondre, elle ferme les yeux après lui avoir lancé un petit sourire, qui veut tout dire. C'est qu'ils sont tellement rares sur son visage, à la petite braconnière. Elle laisse sa tête reposer contre son épaule, et soupire doucement. Apaisée. Avec une respiration calme. Pour une fois, elle se sent bien, en sécurité, là apposée contre lui. Alors qu'elle rouvre les yeux pour demander ce qu'il fait ici à une heure pareille, elle entend elle aussi ce craquement. Elle se crispe, légèrement. Comme toute proie qui s'apprête à fuir, elle sent ses muscles se tendre. « On devrait pas rester ici. » Elle sent sa main se faire plus forte sur la sienne. Plus protectrice. Mais Rosa, elle se met à sourire. Encore une fois, pas d'un sourire ordinaire. De ceux qui sont dangereux. Car son sourire pue la provocation à plein nez. Il y a quelqu'un qui se balade à cette heure là ? Mais quelle perfection. D'habitude, elle n'aime pas non plus vraiment se mettre sous les feux des projecteurs. Mais cette nuit, elle se sent – à tord – invincible. Elle se dégage doucement, se lève d'un seul bond ; pourtant sans un bruit. « Pourquoi pas, justement ? Qu'ils me trouvent dehors en pleine nuit. De toute façon, je serai plus rapide qu'eux. » Dans son cerveau, elle se voit déjà courir dans la Veine à toute allure. Se cacher. Leur échapper. Alors, elle attrape la main d'Aidan, et le tire vers l'avant pour qu'il se lève à son tour. Elle échange avec lui un clin d'oeil qui brûle d'indécence. D'imprudence. À tous les coups, elle va faire une connerie. Mais elle a déjà lâchée sa main. Elle lui échappe déjà. Rosa s'éloigne avec des foulées aussi silencieuses qu'elles en sont gracieuses, bien qu'elles soulèvent la poussière du sol. Mais au bout de quelques instants seulement, elle revient. Elle a une mine boudeuse sur le visage, comme une enfant. Rosie s'approche de lui, puis attrape de nouveau sa main. Comme un remède, comme la morphine qui calmera ses ardeurs rebelles. Ceux qui lui coûteront la vie. Elle hausse un peu les épaules, comme pour s'excuser. « C'était une poule. Désolée, ça aussi c'était stupide. » Elle regarde le sol. Puis relève les océans de ses yeux vers lui, cherchant à capter son regard brillant dans la pénombre ambiante. « T'as raison, on reste pas là. Mais on va où alors ? » Elle hésite, un peu. Parce qu'elle vient de dire « on », parce qu'elle n'a pas envie qu'il s'en aille déjà. D'une petite voix ténue et presque inaudible, elle murmure : « Parce que.. j'ai pas envie de rentrer, pas tout de suite. » Comme une excuse pour qu'il reste avec elle, qu'il la prenne un peu plus longtemps sous son aile.
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