The Devil used to be one of God's favorite - Eliott

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The Devil used to be one of God's favorite

This is the way the world ends ; not with a bang but a whimper.

Il lui semblait ne pas avoir dormi depuis des jours. Ses yeux fatigués lui pesaient, prêts à abandonner, et ses doigts tremblaient férocement en se posant sur la matraque accrochée à sa ceinture. Un de ses collègues lui avait demandé depuis combien de temps il n’avait pas mangé, et il n’avait même pas su répondre. Il ne faisait pas exprès, pourtant, mais il n’avait pas faim, pas soif, et surtout, il lui était impossible de trouver le sommeil. Il ne ressentait rien. Pas de peine, pas de joie. Uniquement ce grand vide qui le consumait un peu plus chaque jour, attisant le feu de cette colère qui ne le quittait pas.

Il rêvait de rentrer chez lui, et son service était bientôt fini. Mais c’était sans compter sur ce petit connard qu’il avait vu bifurquer dans la rue menant à la plaque, deux énormes faisans sauvages dans les bras. Rain poussa un râle agacé ; pourquoi fallait-il toujours qu’il croise un rebelle au moment où il s’apprêtait à rentrer ? Il aurait pu l’ignorer ; son crime n’était pas si grave, après tout, et ils pourraient tous deux rentrer chez eux avant le coucher du soleil sans que rien n’ai changé dans leurs vies. Mais le sourire de Neerah s’imposa dans son esprit. Non, il n’était pas question qu’il se relâche maintenant, il fallait qu’il continue à exécuter les ordres s’il voulait la revoir. Punition sur punition, c’était ainsi qu’il monterait dans l’estime de ses supérieurs, et il n’était pas question d’en laisser échapper un sous prétexte d’être fatigué.

Le jeune blond dégaina alors son arme, tirant dans la jambe du fuyard – il n’était franchement pas d’humeur à courir aujourd’hui. Le coup de feu résonna dans la ruelle, rapidement suivit par un bruit de chute. Il le rejoint alors, d’un pas calme - froid comme la mort. Le garçon qu’il venait de blesser n’était pas très vieux, dix-sept ans, peut-être, et il se roulait maintenant sur le sol en pleurant. Rain donna un coup de pied pour le faire se retourner. Puis il donna, sans grande conviction, un coup de matraque au garçon. Puis un deuxième, un troisième. Et sa matraque fendit l’air encore et encore, s’abattant sur le corps du jeune homme dans un bruit sourd, lui brisant les os, lui brisant la chair, avec de plus en plus de violence. Un hurlement de rage échappa au pacificateur, aveuglé par la colère. Des larmes glissèrent sur ses joues sans même qu’il le réalise, et il frappait, encore et encore, comme si le braconnier était responsable de tout ce qu’il lui arrivait, comme si c’était lui qui l’avait arraché à Neerah, à la seule chose qui avait eu de l’importance dans sa vie. Encore et encore, mais la colère ne le quittait pas.

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Rain et Eliott

Prépares-toi à mourir

Il ne faisait pas encore nuit pourtant les nuages créaient cette impression d’être dans le plus profond de la nuit. Pour certains du district, cette atmosphère leur déplaisait, ils préféraient le soleil mais ce n’était pas mon cas. J’aimais ce décor sombre et lugubre. Il était différent de celui que j’avais connu dans le 1 et je lui trouvais quelque chose de rassurant comparé à mon district d’origine.
J’avançais m’enfonçant dans le noir. Je marchais lentement pour profiter de la fraicheur du soir. Couper du bois me donnait rapidement chaud et chaque soir était pour moi le rafraîchissement que je ne pouvais pas avoir puisque l’eau devenait rapidement chaude. Cependant, je devais m’en contenter.
Tout en marchant, je repensais à la journée que j’avais passée. J’avais rencontré un gars à peine plus jeune que moi. Il devait avoir 17 ans tout au plus. On avait bien accroché quand il était venu me voir pour me faire part de ses projets. Il voulait fuir le douze. Il n’avait pas encore été pioché pour les jeux et il ne voulait pas mourir l’année de ses 18 ans. Sur le coup, j’avais trouvé cela courageux de sa part. J’avais fuis aussi mais après les jeux. Après avoir tué peut-être un membre de sa famille ou un ami. Après une bonne heure de conversation, il m’avait laissé à mon travail pendant que lui partait à la recherche de viande. Le braconnage, une activité que je menais régulièrement. Cela me plaisait autant que de couper des arbres. Ça me défoulait.

Je bifurquai dans une ruelle crasseuse et puante. L’odeur était tellement insoutenable que je devais mettre ma main sur mon nez. Cette rue, je la traversais aussi rapidement que je pouvais. Je ne supportais plus cette odeur qui me donnait des hauts le cœur. A la fin de la ruelle, j’en prenais une autre qui sentait moins les odeurs de souffre. Je m’apprêtais à prendre la direction de la maison quand un bruit sourd retentit. C’était à l’opposé de la direction que j’allais suivre mais tant pis, j’y allais.
Je m’approchais doucement pour ne pas effrayer celui ou celle qui venait de tirer. J’avais compris quel était le bruit que j’avais entendu. C’était celui d’un flingue. Et les seuls individus qui portaient ce genre d’arme n’étaient autres que ses emmerdeurs de pacificateurs. Plus, j’avançais vers ces bruits de matraque plus je m’imaginais le pire. Que pouvait bien faire cet enfoiré ? Pourquoi battait-il autant sa victime ? Une balle ne lui suffisait pas ? Il fallait aussi qu’elle ait des coups. Quel sadique ce pacificateur !

Enfin arrivé sur le lieu, je voyais enfin la cruauté du personnage qui tabassait un jeune garçon. Je fus alors surpris, c’était le jeune que j’avais rencontré auparavant, dans la forêt. Et cette tignasse blonde au-dessus de lui, je l’avais déjà croisé. Ce pacificateur à la bouille d’ange participait souvent aux événements de la grande place.
Je sortis alors de ma cachette, la hache à la main. Enfin Petit Ange allait connaitre la douleur.

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This is the way the world ends ; not with a bang but a whimper.

Elle le quitta d’un coup. La colère. C’était comme si elle l’avait possédé, puis qu’elle l’abandonnait soudainement pour ne laisser derrière elle qu’une coquille vide. Les yeux écarquillés, il regarda le sang sur ses mains, se laissant glisser sur le sol. Agenouillé face à sa victime, pâle comme la mort, il réalisait seulement ce qu’il venait de faire. Et cela le terrifiait. Pas d’avoir battu presque à mort un adolescent, non, mais de ne rien ressentir après ça. Rien. Pas de culpabilité. Pas d’empathie. Il s’en fichait. Et ça, ce n’était pas normal, ce n’était pas lui.

Au début, il exécutait les ordres parce qu’ils étaient les ordres, et qu’ils pouvaient lui ramener Neerah. Mais il avait de la peine pour ses victimes, l’impression de ressentir leur douleur à chaque coup qu’il leur infligeait, le poids de la culpabilité l’étreignait. Mais ce poids avait disparu, et Rain se demandait si…si son humanité n’était pas partie avec. Et il pensa à nouveau à Neerah. Qu’aurait-elle dit si elle l’avait vu agir ainsi ? Il le savait très bien. Elle aurait tourné les talons, les larmes aux yeux, et ne lui aurait jamais pardonné. Elle l’avait aimé parce qu’il était doux et différent, et il n’était devenu qu’un monstre parmi les autres, insensible et sombre. Mais il ne voulait pas ça. Il ne voulait pas être un monstre. Pourtant, avait-il le choix ? Il se serait détruit, si son humanité avait continué à l’étouffer à chaque fois qu’il exécutait les ordres. Maintenant, il pouvait faire son travail. Oui, au fond, c’était peut-être une bonne chose, de ne plus rien ressentir… Il fallait juste s’assurer que Neerah ne l’apprenne jamais, et espérer qu’il pourrait redevenir lui-même, une fois que tout ceci serait fini. Le Rain joyeux, qui blaguait sans arrêt et dont la maladresse prêtait à sourire. Il se détestait, à l’époque, mais maintenant qu’il avait changé, cette partie de lui lui manquait atrocement.

Après de longues secondes, le jeune blond finit par se relever. Il vacilla un peu, eu du mal à retrouver sa vision normale. Il était vraiment temps qu’il dorme. Reniflant, il recula d’un pas, et se retourna, prêt à abandonner sa victime là, se vidant de son sang dans la poussière. Ce n’étaient pas ses affaires, il n’avait pas à violer la loi, et rien de tout cela ne lui serait arrivé. Il savait ce qu’il risquait. Oui, ce n’étaient pas ses affaires. Il fit un pas avant de remarquer la silhouette qui se détachait.

Son cœur sembla manquer une pulsation, et le pacificateur s’immobilisa complètement. Ce visage ; il le reconnaîtrait entre milles. Et, tandis que ses doigts se rapprochaient de son arme en tremblant, il réalisa quelque chose ; il y avait encore un sentiment qu’il pouvait éprouver. La terreur.
Tentant de se donner de la contenance, il passa la manche de son uniforme sur ses joues pour essuyer ses larmes, ne faisant qu’étaler un peu de sang sur son visage. Et, les yeux fixés sur la hache de l’homme qui lui faisait face, il essaya de se donner un air autoritaire. « Vas-t-en, c’est bientôt le couvre-feu. »

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Rain et Eliott

Prépares-toi à mourir

Le fait qu’il regarde le corps sans vie du jeune garçon m’exaspérait. N’avait-il pas de cœur ? Ou un soupçon d’humanité ? Mais a vu d’œil, il n’avait rien de tout cela. Le blondinet regardait sa victime. Son visage était vide d’expression. Il ne ressentait rien. Et je détestais cela. Il aurait pu ne serait-ce qu’un peu de remord mais non.

J’avançais vers lui tout en faisant attention qu’il ne dégaine pas son arme sur moi. Au début, je doutais qu’il ne m’est vu mais c’est en s’immobilisant que je compris qu’il m’avait remarqué. Il ne bougeait pas. Il avait son arme avec lui mais rien, il restait planté comme un buisson au milieu de la ruelle à me regarder à avancer. Je le détestais. Il m’horripilait. Soit il ne bougeait pas pour m’inspecter, soit il ne bougeait pas tout simplement parce que je lui faisais peur. Je souhaitais que cela soit la deuxième option mais j’avais des doutes. Un pacificateur avoir peur d’un simple bûcheron, inimaginable.
Quand j’arrivais à sa hauteur, il me sortit une de ces phrases que tous les pacificateurs apprennent par-cœur. J’avais envie de lui rire au nez mais je m’abstins. Je ne voulais pas risquer de me faire défigurer. J’étais assez proche pour remarquer qu’il devait avoir à peu près mon âge. Il était jeune et il venait de tuer un autre gars de son âge. Je n’y comprenais vraiment plus rien. La violence était de plus en plus présente dans le district mais ce que je voyais était bien pire de ce que j’imaginais.

En tant qu’habitant modèle ou en tout cas faire semblant de l’être, je lui répondis avec un sourire. Ne vous inquiétez pas, j’étais justement sur le chemin du retour. J’espérais qu’il remarque la pointe d’arrogance que j’avais placé en disant cette phrase. Il fallait que je lui montre que je n’avais pas peur de lui.

M’inquiétant un peu pour la victime, je lui demandais où est-ce qu’il allait bien pouvoir mettre le corps sans vie de celui que j’avais connu quelques heures plus tôt. Je savais très bien qu’il n’y avait pas réfléchi. Il avait tellement été dans l’action. A aimer défigurer le jeune, qu’il n’avait pas pensé au corps si ce dernier venait à mourir. Chose qui était arrivé. Et puis la famille ? Avait-il pensé à la famille du défunt ? Non plus, ce n’était pas son genre. Pauvre garçon, complètement paumé.

Je me baissai pour regarder le visage du garçon qui venait de mourir. Il était en sang. Le nez cassé sans doute, les lèvres fendues. Le Blondinet ne l’avait pas raté. Petit con ! Je me relevai pour faire face à l’affreux petit être qui était près de moi. Avec ce qu’il venait de faire, il avait complètement perdu son humanité. Il n’était plus homme mais monstre, maintenant.

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This is the way the world ends ; not with a bang but a whimper.

Quand il lui demanda ce qu’il allait faire du corps, Rain commença à protester, tournant instinctivement la tête vers l’adolescent. « Il n’est pas… » Mais il s’interrompit en voyant le visage tuméfié de sa victime. Bon, d’accord, peut-être qu’il était un peu mort. Serrant les mâchoires, il se tourna à nouveau vers le jeune homme, notant instantanément l’expression indescriptible qui déformait ses traits. Peut-être était-ce de la haine, ou du dégoût, il n’en savait rien ; mais il n’aimait vraiment, vraiment pas ça. Les iris sombres du pacificateur glissèrent à nouveau sur la hache avant de s’attarder sur le visage du garçon. Ses yeux bleus avaient quelque chose d’impérieux et de sévère, ses mâchoires bien dessinées lui donnaient cette prestance dont le jeune Kingsley avait toujours cruellement manqué. Il se sentait minable, à côté. Vulnérable. Et les flashs qui lui revenaient en tête, inlassablement, étaient loin de l’aider. Ce mec, ce mec qui se tenait à moins de vingt centimètres de lui, dégainant sa hache pour la planter férocement dans les côtes du tribut du district 2. Ce mec qui tirait d’un coup sec pour retirer la hache de la chair du jeune homme avant de s’enfuir sans un regard en arrière.

C’était drôle, quelque part, parce que la mort de Kaïs avait été infiniment moins violente que toutes celles que Rain avait provoqué. Et pourtant, cela l’avait profondément choqué. Peut-être parce qu’il avait connu Kaïs et l’avait plus ou moins considéré comme un ami. Peut-être parce qu’il avait été persuadé qu’il s’en sortirait. Peu importait, aucun retour en arrière n’était possible : Kaïs n’était plus, et le responsable de sa disparition se tenait en face de lui. Est-ce qu’il allait se laisser écraser par la peur et le laisser le provoquer sans rien dire ? Non. Non, s’il ne se sentait pas assez de force pour lui faire du mal sans lui planter directement une balle entre les deux yeux, il fallait au moins qu’il garde sa dignité. Pour le district 2. Pour Kaïs.

Ce qu’il allait advenir du corps ? Il ne le savait que trop bien, ou du moins, il ne connaissait que trop bien les rumeurs qui couraient à ce sujet ; elles couraient déjà dans le deux. Mais honnêtement, il préférait ne pas y penser. Il y avait tant de choses qu’il valait mieux ignorer…
Tentant de se grandir, il planta ses yeux dans ceux du bucheron et s’approcha d’un air menaçant. « A moins que tu sois de la famille, cela ne te concerne absolument pas. Et comme on sait tous les deux que ce n’est pas le cas, rends-toi service, et rentre. Chez toi, dans ta forêt, dans ton ancien district, je m’en fous, mais dégage de ma vue. »

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Rain et Eliott

Prépares-toi à mourir

Je le regardais avec cet air que j’avais déjà eu auparavant. Ce regard qui voulait tout dire. Un regard que pouvait avoir un homme assoiffé de sang. Ce regard, je l’avais déjà eu lors des jeux. Cela m’avait transformé en monstre et ce regard appartenait à ce que j’étais devenu. Pourtant ma monstruosité n’égalait pas à celle de Blondinet. Il venait d’abattre un jeune comme l’on pouvait tuer un cerf. Peut-être même que les braconniers y allaient moins fort sur l'abattage d’un animal. J’étais peut-être en train de comparer le corps à un animal mais c’était à cela qu’il ressemblait maintenant. Et cela était à cause d’une certaine personne.

Je n’aurais peut-être pas dut jouer mon curieux et poser des questions sur le corps mais d’un côté, je m’en étais inquiété et je souhaitais qu’une chose pour ce jeune mort précocement, c’était qu’il soit enterré digne de ce nom.
L’homme, enfin cela était un bien grand mot pour ce genre de personne, essaya de me surplomber mais je savais qu’il n’y arriverait pas. Je faillis rire mais je me retins. Je ne pouvais tout de même pas lui manquer de respect. Cependant cette joie disparut rapidement. Cet enfoiré venait de me parler comme si j’étais un chien. Pourtant c’était lui le chien. C’était lui qui suivait les ordres de ses supérieurs à la lettre. Je refoulai ma colère. Je devais rester impassible, montrer qu’il ne faisait rien. Qu’il n’était rien pour moi, qu’il ne me faisait pas peur.
Avec un air hautain, je lui répondis fermement : Non, je ne suis pas de la famille mais je vous prierai de pas parler de mon passé, de mes origines comme vous le faites. J’essayais de le vouvoyer mais la colère étant trop forte, je n’y arrivais plus. Tu fais semblant de me connaitre en me disant de rentrer dans mon district d’origine mais tu ne sais rien de moi. Rien.

La colère m’avait emporté. A tout moment, je pouvais attaquer. Je pouvais me lancer sur lui et lui enfoncer ma hache dans le crâne. Il fallait juste qu’il fasse le mauvais choix, un faux pas et tout pouvait se retrouver contre lui. Il venait de tuer un gosse et j’avais bien l’intention de lui faire payer. Ce pacificateur allait se retrouver défigurer s’il me provoquait à nouveau. Il devait faire attention maintenant.
Je m’approchais de lui comme il avait pu le faire quelques minutes auparavant pour lui montrer que j’étais quelqu’un de fort et sans doute plus fort que lui. Je voulais lui faire peur et qu’il parte de son plein gré tout en ayant gardé sa tête sur ses épaules. A moins qu’il préférait repartir les deux pieds en avant. Il avait le choix de toute manière.

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