« Quel bon vent t'amène ici, Thread? » Oui, qu'est-ce que tu fais ici Julian ? Tu ne sais pas vraiment ce que tu fais ici. Tu avais besoin de marcher, t'échapper, oublier. Oublier ton quotidien pendant quelques instants. Alors tu as marché, sans t'arrêter. Et pourtant... Pourtant, chaque bruit que tu entends te ramène à ton district. La mine, la vieille dame de la Plaque qui crie sans cesse, un père qui se plaint de la dureté de son travail et surtout ces Pacificateurs se baladant dans les rues, armés jusqu'au coup. Quand tu les vois tu n'as qu'une envie : leur faire ressentir ce qu'ils vous font endurer. Mais ils ne comprennent pas... Ils font leur travail comme ils répètent sans cesse. C'est facile de se cacher derrière sa hiérarchie. Pour toi, ils sont tous dans le même sac. Alors tu as marché, jusqu'à ce que ton esprit s'en aille. Loin d'ici. Tu te voyais dans la forêt, marchant jusque "on ne sait où", heureux. Mais ton quotidien te rattrape vite, trop vite. Tu te fais arrêter par un Pacificateur en chemin, sans raison. Mais tu t'échappes avant même qu'il n'ait vu ton visage. Tu as l'habitude de tout ça. Tu es un rebelle, tu sais comment éviter le danger. Tu fuis. Sans cesse. Et tu ne fais que ça depuis des semaines. (...) « Le Destin joue en notre faveur on dirait. Tu m'as manqué Six' » Tu aimes bien l’appeler par son deuxième prénom. Même si Apolline te plaît beaucoup, Sixtine paraît plus intime, ça reste entre vous. Ça a toujours été vous deux contre le reste du monde. Qu'est-ce qui a changé ? Toi Julian, te souffles ta petite voix intérieure. Mais tu la remets très vite à sa place et te concentres sur la jolie blonde devant toi. Ta meilleure amie, ton tout, car elle est bien plus qu'une simple meilleure amie. C'est la seule que tu as vraiment aimé et c'est la seule qui te connaisse par cœur. « Comment tu vas ? » Dis-tu en t'approchant. Tu ne fais même plus attention à son ton désagréable, tu sais qu'elle est froide et sèche avec à peu près tout le monde. Même toi à présent... Mais tu t'en fiches, tu es sincère. Elle t'a manqué et tu es seul responsable de votre éloignement. Alors tu comptes bien remédier à ça.

Tu as subi l'évolution de votre relation, son éloignement. Tu as subi tout ça et maintenant tu t'en rends compte en voyant Apolline. Elle est plus distante, plus froide et moins confiante. Du moins pendant les premiers instants. Mais tu ne lâches pas l'affaire, ça jamais. Tu tient beaucoup à elle car elle a fait partie de ta vie pendant des années et tu ne veux pas que ça change. Pourquoi est-ce que ce serait différent ? Parce que tu as changé Julian, te souffles à nouveau ta petite voix intérieure. Peu importe, votre complicité est toujours là, tu le sens. Cette alchimie, cette attirance qu'il y a entre vous aussi. Mais ça, c'est une toute autre affaire. Tu n'es pas prêt à faire souffrir la jeune blonde, tu es bien trop compliqué pour ça. Les relations amoureuses, tu as fait un croix dessus depuis des années. Ici, dans le douze, ce n'est pas possible. Tu es un pion de la société et tu détestes ça : tu te consacres tellement à la rébellion qu'il serait impossible d'être avec quelqu'un. Du moins pas sans souffrances. Et faire souffrir Apolline ? Tu ne te le pardonnerais jamais. C'est sans doute la personne pour qui tu as le plus d'estime, de respect. Ça a toujours été comme ça entre vous deux. « Mieux maintenant, et toi ? » Tu ne peux t'empêcher de lui sourire. Elle est tellement belle, tellement fragile, tellement vulnérable. Et pourtant si forte. Que ta présence la rassure ça te plaît, beaucoup. Cela montre que tu as encore un petit peu d'importance pour elle, non ? Et ça te rassure, toi aussi. Tu n'aurais pas voulu être complétement rayé de sa vie, tu ne l'aurais pas supporté car c'est peut-être égoïste mais tu as besoin d'elle. Beaucoup. Sa présence t'apaises et ça, depuis toujours, tu n'as jamais compris pourquoi. Tu soupires comme pour relâcher le fardeau qui pèse sur tes épaules et viens t'installer à ses côtés. « On fait avec, comme toujours. Je ne rigolais pas, tu m'as réellement manqué. Je suis désolé d'avoir déserté comme un voleur... Tu me pardonnes ? » Demandes-tu en replaçant une mèche blonde derrière l'oreille de Sixtine. Vous avez toujours été très tactiles c'est pour ça que tu te le permets et puis être de nouveau en contact avec elle te fait du bien. Beaucoup de bien. Sa légèreté te permet d'oublier pendant quelques temps.

« Pardonner est un bien grand mot Julian; et qu'en aucun cas je ne me changerai pour toi. Tu comprends ça? » La jolie blonde t'en veut visiblement. Beaucoup. Du moins on dirait bien. Tu restes stoïque pendant quelques instants, aucun mot n'atteint tes lèvres : le silence s'installe. Tu ne sais pas quoi répondre à ça ? Pourtant, en ton fort intérieure tu ressens une lutte acharnée. Comment peut-elle penser ça ? Certes, parfois tu essayais de la dévergonder un petit peu mais jamais ô grand jamais tu ne voudrais la changer. Et sûrement pas pour devenir comme toi. Tu te détestes au plus profond de toi alors pourquoi voudrais-tu ça pour elle ? Tu la dévisages, tu n'oses pas reprendre la parole. Tu observes le chat sur ses genoux et te lance, sans jamais replonger ton regard dans le sien. « Je... Ce n'est pas ce que je veux. Tu es comme tu es et je l'accepte... Pourquoi penses-tu une chose pareille ? » Ta voix baisse d'un ton, tes paroles ne sont qu'un léger murmure, comme si tu pensais encore mais à voix haute. Tu n'as pas le temps de reprendre tes esprits qu'elle revient à la charge : « Et puis pourquoi tu es parti aussi longtemps si je te manquais autant? Tu étais trop occupé au braconnage ou bien à t'amuser avec tes femelles hein? » Est-ce de ça qu'il s'agit ? Les femmes ? La jalousie. Tu n'en sais rien, tu es plutôt confus. Bien sûr qu'Apolline t'a manqué, beaucoup. C'est la seule femme pour qui tu ferais tout. La seule. Et ces derniers temps tu étais pris par beaucoup de chose : ton père, les Pacificateurs, la rébellion. Trop de choses. Tu n'as pas réussi à gérer toutes ces choses en même temps, peut-on te blâmer pour ça ? La jeune blonde, oui. Tu l'as délaissé et tu t'en veux beaucoup. Tu évites toujours ton regard, un peu honteux de ton comportement. Quoi, tu pensais que tu pouvais revenir comme une fleur, comme ça ? Et bien non Julian. Tu l'as fait souffrir et maintenant tu ne peux t'en prendre qu'à toi même. La roue tourne comme on dit. Ce que pense Sixtine à ton sujet t'importe beaucoup. Beaucoup plus que n'importe qui. Tu veux obtenir sa confiance à nouveau, son estime. Mais ce n'est pas gagné. Mais tu ne renonces pas. Jamais. Tu relèves la tête et plonge à nouveau ton regard dans le sien. « J'avais beaucoup de travail ces derniers temps. Je suis désolé si je t'ai délaissé mais arrêtes d'imaginer que je te délaisses pour d'autres femmes. Ça jamais, tu m'entends ? Tu es la seule femme qui compte à mes yeux. Je n'ai personne à part toi Sixtine... Ne me laisse pas tomber. » Tu essaies d'attraper sa main mais tu te rétractes à la dernière minute, tu ne supporterais pas qu'elle évite ton geste à nouveau. Ton regard est vulnérable et c'est la seule qui peut voir ce côté sombre en toi. Qu'est-ce qui a bien pu changer entre vous deux ? La questionne résonne dans ta tête et puis une seule réponse parvient à ton cerveau : toi Julian.

Quelque chose a changé entre vous et tu le regrettes, beaucoup. C'est la chose que tu voulais éviter plus que tout mais on dirait que la jeune blonde est plus distante, moins confiante. Et elle a ses raisons. Après tout c'est toi qui l'a laissé tomber, Julian, non ? Tu te sens misérable, tu es un minable. « Tu sais.. Je ne cherche pas à t'offenser mais juste à te faire comprendre ce que moi j'aperçois. Notre vision des choses à toujours était différente pour chacun de nous, tu l'as déjà oublié? » Tu sais qu'Apolline ne veut pas te faire du mal. Elle n'est pas comme ça, c'est une fille bien, tu n'en doutes pas. Mais là, d'un coup elle te matraques de reproches et tu ne t'attendais pas à ça. Bien que tu les mérites. Ton regard est toujours perdu dans le vide. Certes vos opinions ont toujours été très différentes mais ça ne vous a jamais empêché de vous entendre jusqu'ici. Quand vous étiez petits vous étiez même amoureux. D'ailleurs c'est la seule femme que tu as aimé sincèrement, tendrement. « Non je n'ai pas oublié. Mais jusqu'ici on est toujours resté soudés malgré nos divergences d'opinions. Qu'est-ce qui a changé depuis ? » Oui, tu te le demandes sincèrement. Et peut-être qu'elle pourra t'apporter une réponse. Si seulement il y en a une... Mais tu ne supporterais pas qu'Apolline te laisses tomber, ça non. Jamais. Elle est trop importante pour toi. Et ses paroles te rassurent un peu par la suite. Elle ne va pas te laisser tomber, c'est suffisant pour te faire sourire. « Je ne te laisserai pas tomber, c'est clair et net. Mais... Pourquoi ne m'avoir rien dis? Pourquoi avoir fait profil bas alors que tu ne l'as jamais fais auparavant? » Tu n'es pas quelqu'un qui parle de ses problèmes, de ce qu'il ressent. Mais là, le simple fait d'imaginer la perdre t'as fait parler. Tu avais besoin de lui dire tout ça avant qu'il ne soit trop tard. Elle est ton amie, depuis toujours, et elle le restera. Tu en es certain. On ne t'a jamais appris à te confier mais en même temps tu n'avais personne pour parler. Personne. Ton père ? Il ne t'adressait même pas la parole quand tu étais petit, il ne te supportait pas. Ton oncle ? Il te regarde avec pitié chaque fois qu'il croise ton regard car il sait à quel point tu es malheureux. Et pourtant, ce n'est pas l'imagine que tu veux renvoyer ; mais lui te vois tel que tu es. Tu adresses un léger sourire à la jolie blonde puis attrapes sa main. Peu importe si tu te fais jeter... « C'est juste que j'ai l'impression que tu t'éloignes... Bien trop loin à mon goût. Alors je t'ai dit ce que j'avais sur le cœur, pour que tu saches que tu es importante pour moi et que je ne te laisserai jamais tomber. Jamais, tu m'entends ? » Tu caresses de ta main libre le chat posé sur les genoux de Sixtine. Mais les animaux ne t'aiment pas vraiment alors tu retires très vite ta main et replonges ton regard dans celui de la jeune femme. Te perdant loin, très loin d'ici.