La forêt. Cet endroit isolé où tu peux te retirer du district pendant quelques instants. Quelques instants où tu es toi. Juste toi. Julian. Pas Julian Thread. Juste Julian. Tu aimes venir ici pour cette raison. Là-bas, tu n'as de comptes à rendre à personne ; là-bas, tu es seul. Atrocement seul mais pourtant tu aimes ça. Tu fermes les yeux pendant quelques secondes, peut-être même quelques minutes mais elles te paraissent bien trop courtes. Tu entends des bruits de pas au loin et rouvres tes yeux comme un prédateur. Il est là. Il t'observe, d'un œil inquisiteur. Il t'épie de son regard noisette : ce regard que tu as bien trop souvent vu. C'est ton Pacificateur. Du moins celui qui a pris en charge ta demande d'entrée au Capitole. Ou plutôt la demande de ton père. Toi tu ne veux pas y entrer mais tu n'as pas le choix. C'est le rêve de ton père et tu n'es pas prêt à le briser. Tu lui ferais trop de peine et tu ne peux pas décevoir ton père. Il ne détache pas ton regard du sien, du moins pas avant que tu ne baisses les yeux. Il déteste que tu le défie alors tu baisses les yeux comme un bon petit chien. Il est venu dans ton repère, ton échappatoire, il a gâché cet endroit. Ton endroit. Tu soupires et te lèves. « Je peux faire quelque chose pour vous... Chef ? » Il aime que tu l'appelles comme ça, il se sent puissant. Un petit sourire naît au coin de sa bouche. Tu as envie de l'étrangler mais tu te contrôles : ça n'apporterait rien. « Je viens juste te prévenir que ton prochain test a lieu demain. Au Capitole. Vers 14h. Sois à l'heure. » Et il s'en va. Sans même attendre une réponse. Il s'en fiche si tu n'es pas d'accord ou si tu ne veux pas y aller. Pour lui, c'est la même chose. Il ne croit pas en toi, il sait que tu couves quelque chose. Mais il ne sait pas quoi. Tu tapes dans un arbre quand il est assez loin pour ne plus te voir. Tu te laisses glisser le long du tronc et prends ta tête entre tes mains. Tu voudrais t'échapper, fermer les yeux et ne plus penser à tout ça. Mais tu ne peux pas... Il a gâché ton endroit, ton moment d'isolement. Il a gâché tout ça. Tu le hais au plus haut point, c'est un des Pacificateurs que tu détestes le plus. Tu entends des branches craqués sous des pas et tournes ta tête en direction du bruit. Une jeune blonde. Tu la connais bien. Rosaë. Tu la fusilles du regard. Tu ne montres pas la peur qui tourbillonne en ton fort intérieur. Tu as peur qu'elle ait tout vu, tout entendu. Tu fais mine de rien, comme s'il ne c'était rien passé. « Qu'est-ce que tu fais là ? Tu me suis ? »  Demandes-tu un peu sèchement. Tu détestes qu'on t'épie et c'est ce qu'elle fait à l'instant présent. Pourtant, tu ne peux t'empêcher d'imaginer ses cheveux dans ta main, la douceur de sa peau. Tu chasses très vite cette idée et te concentres sur elle. Que fait-elle ici bordel ?

Tu prends une profonde inspiration et ferme les yeux pendant quelques secondes : tu retiens ta colère, ta peur, tous ces sentiments qui te bouleversent en ce moment. Tu fixes ton regard dans le sien pendant quelques instants, essayant de détecter la moindre émotion chez elle. En réalité, t'essaies de savoir si elle a vu, entendu quelque chose. Tu espères que non mais tes espoirs tombent très vite à l'eau. Bien sûr qu'elle a tout vu, tout entendu. « Ben voyons, j'ai que ça à faire de te suivre, monsieur le leader. La forêt ne t'appartient pas, que je sache. » C'est vrai. Elle ne t'appartient pas mais parfois tu aimes le penser. Tu aimes te dire que tu es seul dans la nature, seul dans ton monde. Seulement la réalité te frappe toujours en plein visage. Et une fois de plus c'est arrivé : avec Rosaë. Tu ne lui réponds même pas, elle a raison et tu le sais. Pourquoi te suivrait-elle ? La jeune blonde n'a aucune raison de le faire. Tu balaies la forêt du regard puis repose ton regard sur elle, inquiet. Inquiet car elle est maître de ton destin à présent. Du moins si elle a tout entendu. Et tes peurs se confirment. « Alors comme ça, tu as un test demain ? » Tu ne laisse rien paraître. Tu restes de marbre et fais comme si tu ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire. Après tout, que veux-tu faire d'autre ? Jouer la carte de l'honnêteté ? Impossible. Si elle est au courant, et à présent tu n'as plus de doute, elle te le fera bien vite comprendre. Même si là elle essaie de te transmettre un message, tu n'es pas sûr que Rosaë sache de quoi elle parle. Peut-être pense-t-elle à un test pour la boulangerie ? Non ce serait un piètre mensonge, on sait très bien qu'il n'existe pas de test pour ce genre de choses. Donc oui, elle sait tout... Mais ce que tu ne sais pas, c'est comment elle va réagir. Alors oui, tu préfères jouer la carte de l'innocence, sait-on jamais. « Un test ? T'as entendu ça où ? J'suis pas au courant. » Dis-tu en essayant de rester impartiale mais tes mains te trompent, tu fais toujours ça avec elles quand tu es inquiet. Tu les tortilles comme si c'était de la plasticine. Tu maintiens ton regard dans le sien, d'un bleu azur magnifique qui pourrait te faire craquer dans d'autres conditions, et tu ne montres rien. Rien. Aucunes émotions sur ton visage. Tu essaies de détourner la conversation c'est mieux comme ça. Peut-être que Rosaë laissera tomber ? Même si tu n'y crois pas vraiment tu t'y risques quand même : « Alors comme ça tu chasses ? Je ne te savais pas aventurière. »

Et toi aussi, tu es perturbé par le comportement de Rosaë. Tu n'en montres rien mais tu restes scotché par son attitude. Tu savais qu'elle avait un côté un peu rebelle mais tu ne l'a pensait pas tant provocatrice. Mais ça t'amuses beaucoup. Peu être même un peu trop vu la situation. Après tout, elle est en train de démanteler ton plus lourd secret et pourtant... Pourtant, tu ne peux t'empêcher d'imaginer ses lèvres, ses cheveux, son odeur. C'est qu'elle te trouble beaucoup la Lionheart. D'ailleurs elle porte bien son nom puisque ses cheveux sont d'une couleur lionne, blonde comme le sable, comme tu aimes. Tu reprends tes esprits et te concentres sur votre conversation. Tu prends tout ça à la légère comme si ce qu'elle disait ne t'affectais pas. Tu prends toujours les choses comme ça, imaginant toujours que tu vas trouver une solution. Toi, jeune boulanger, jeune rebelle... Futur Pacificateur. Que peux-tu bien trouver comme solution à ce problème ? Tu la regardes dérisoirement : comme si ce que Rosaë disait n'a pas d'importance. « Je sais pas trop... D'un type habillé comme un Pacificateur. Et ça doit être drôlement secret pour qu'il vienne te retrouver au milieu de la forêt. Sans même te dire quoi que ce soit d'ailleurs, c'est que t'as des privilèges en plus ! » Tu plonges ton regard dans le sien essayant de voir où elle veut en venir. Décrypter si oui ou non elle risque de te balancer. Jouer l'honnêteté ne t'aidera pas sur ce coup-là. Mentir ? C'est de ton ressors et n'est-ce pas ce que tu fais sans cesse ? « Oh lui. Je fais des tests pour être Pacificateur. » Tu joues l'honnêteté, guettant sa réaction. Tu laisses un petit sourire se dessiner au coin de tes lèvres. « Mais pas pour ce que tu imagines. Je ne voue pas une folle admiration envers les Pacificateurs mais ça tu le sais déjà. Je veux juste tu sais... » Tu baisses la voix et jettes un coup d’œil autour de toi. « ... Infiltrer le Capitole. » Tu joues le tout pour le tout. Ou ça passe ou ça casse. Tu essaies, même si tu doutes qu'elle gobe ton histoire. Ce que tu veux, c'est créé l'incertitude dans l'esprit de la jeune blonde. Qu'elle ait des doutes... C'est ta seule chance. Sinon... Il te faudra trouver autre chose. « Et ton ami le Pacificateur, il croit que tu fais un jardin botanique en plein milieu de la forêt ? » Tu laisses s'échapper un léger rire. Tu aimes sa provocation, tu aimes qu'elle te tienne tête. Tu aimes les femmes à caractère fort. D'ailleurs... Tu te laisses tenter et joues. Elle veut jouer ? Tu vas jouer. « Tu me fais rire Lionheart. Et tu m'agaces en même temps. Fais gaffe, tu risques de me plaire de plus en plus. » Tu sais que ça marche sur certaines femmes : le charme, le charisme, tout ça tout ça. Tu aimes jouer avec elles. Et encore plus quand elle joue avec toi. « Certes, je ne te connais pas mais ça ne saurait tarder... Tu m'intéresses Rosaë. Beaucoup même... » Tu accompagnes tes paroles d'un sourire ravageur. Elle n'est pas bête, elle sait que tu joues avec elle mais tu veux voir l'effet que tu peux avoir sur elle. Après tout, c'est l'effet qu'elle fait sur toi.

Tu pensais que ça fonctionnerait un minimum, que tu sèmerais le doute dans son esprit. Mais non. Rosaë est différente de toutes ces filles que tu croises. Différente de ces filles qui croient tout ce que tu racontes parce que tu leur plaît physiquement. Elle est différente. Et sur de nombreux points. « Tu me prends vraiment pour une imbécile ? » Tu ne peux t'empêcher de sourire. Légèrement. Mais sourire quand même. Ça fait un moment que ça ne t'es plus arrivé. Tu la sens agressive, sèche et froide. Elle est comme ça depuis le début de votre conversation et ça t'intrigue. Que peut-elle cacher ? Elle a un secret. Tu le sais. Comment ? Parce que tu agis de la même façon quand tu essaies de cacher quelque chose. Cette fille reste un mystère pour toi et tu n'es pas prêt de le percer. Elle est bien trop secrète, bien trop mystérieuse. Mais tu ne lâcheras pas le morceau comme ça et tu trouveras ce qu'elle cache, tu en es persuadé. Pas maintenant, mais bientôt. « Loin de moi cette idée Lionheart. Mais ça aurait pu marcher... » Tu la vois s'avancer, ne se retrouvant plus qu'à un mètre de toi. Tu souris en voyant votre rapprochement. Tu poses tes mains sur tes hanches et la regardes de bas en haut, ne te cachant même pas. Oui tu la reluques clairement mais tu t'en fiches. « Ne cherche pas à m'amadouer avec des conneries pareilles, Thread. » Elle ne sait donc pas l'effet qu'elle te fait. Elle t'attire et tu ne sais pas pourquoi. C'est étrange mais c'est comme ça. Elle est provocatrice, même agressive parfois et sûre d'elle (du moins elle paraît) et tu aimes ça. Les femmes qui ont du caractère ont toujours été ton petit plus à toi. Et puis c'est une rebelle et pas un de ces moutons du Capitole. C'est un énorme plus. Bref, tu chasses tes pensées de ton esprit et te concentres sur la jeune blonde. « Des conneries ? Non non. Je le pense Rosaë. » Dis-tu en avançant légèrement vers elle toi aussi. Tu aimes réduire cette distance et tu as surtout hâte de voir comment elle réagira face à ta réaction. « De toute façon, il ne suffit pas de belles paroles pour m'avoir. Alors va tester ça sur tes chères futures collègues les pacificatrices. » Le mot pacificatrice te refroidis tout de suite. Tu te raidis et ton sourire s'efface en une seconde. Tu n'aimes pas savoir qu'elle peut se servir de toi avec ce secret. Tu n'aimes pas qu'on ait du pouvoir sur toi. Mais on dirait que la jeune blonde aime ça, n'est-ce pas ? Tu balaies la forêt des yeux, vérifiant que personne ne vous observe. « Joues pas à ça. Tu ne sais pas de quoi tu parles ! » Dis-tu plus sèchement et plantant ton regard dans le sien. Tu détestes qu'on te défie. Tu retiens ta colère dans tes points et ne détaches pas ton regard du sien. Non, elle ne sait pas de quoi elle parle. Tu recules légèrement et ne vois même pas qu'elle observe tes lèvres. Agacé qu'on se mêle de ta vie. Mais qu'attends-tu pour partir bon sang ? Tu t'enfonces Julian. Tu t'enfonces.

« Marcher ? Pas avec moi, non. » Tu t'en doutais mais tu espérais le contraire. Tu espérais qu'elle soit un peu moins sûre d'elle qu'elle n'y paraît. Mais non, tes premiers instincts étaient les bons. Comme toujours. Ton premier regard sur une personne est toujours le bon. Et Rosaë n'a pas dérogé à la règle. « Pas de chance pour moi. » Dis-tu simplement essayant de couper court à la conversation. Tu ne veux pas qu'elle s'aventure sur ton terrain. Tu ne veux pas qu'elle connaisse ton secret, ou qu'elle te connaisse tout court. Tu la vois se raidir lorsque tu t'approches et cela te fait doucement sourire. Tu aimes troubler les femmes et encore plus lorsqu'il s'agit de Rosaë. Tu aimes voir que tu as quand même un petit impact sur elle, que tu la troubles. Tu aimes voir que c'est réciproque : ce feeling entre vous. Tu ne sais pas vraiment de quoi il s'agit, mais il y a bel et bien quelque chose. Peut-être qu'elle t'agace et que chez toi, l'agacement ça relève de l'excitation ? Tu n'en sais rien à vrai dire et tu as arrêté de chercher. L'amour ça n'a jamais été ton truc. Et ça ne le sera jamais. Les sentiments font souffrir, t'anéantissent et tu ne veux plus ressentir ça. Jamais. « Tu m'en vois flattée, alors. Même si t'intéresser n'était pas forcément un but suprême dans ma vie. » Tu laisses s'échapper un soupire. Et en même temps, la jeune Lionheart te fait sourire. Beaucoup même. Son humour est semblable au tien, remplit de sarcasmes. D'ironie. Tu rentres dans son jeu à nouveau, amusé. « Et quel est ton but dans la vie, belle Rosaë ? » Tu t'amuses à la séduire, à la rendre moins sûre d'elle. Tu joues avec elle comme elle le fait avec toi. Mais soudain, ton ton devient plus dur, plus sec. Cette alchimie, cette ambiance bonne enfant change du tout au tout. Tu ne supportes pas qu'elle persiste et qu'elle se mêle de ta vie. « Mais tu n'as pas le droit de nous mentir. Pas le droit de jouer sur deux tables différentes, sinon plus personne n'aura confiance en toi, parmi nous. » Jouer sur deux tables ? En effet, c'est ce que tu fais. Mais pas par envie, ni par fierté. Loin de là. Tu détestes assez la personne que tu es devenue pour qu'elle te le répète. Tu détestes être un Thread. Plus que tout. Tu t'avances, ton visage se crispe et tu lui cries au visage. « Encore une fois, tu ne sais pas de quoi tu parles ! Tu penses que ça me fait plaisir ? Hein ? Tu penses que j'aime faire ça. Je n'ai pas le choix, tu comprends, pas le choix. » Tu te retournes, ne voulant pas qu'elle voit ton expression. Tu es perdu et beaucoup plus vulnérable. La jeune blonde ne peut pas voir ça. Que penserait-elle ? Que le jeune rebelle que tu es n'est qu'un misérable ? Un infiltré ? Peu importe de toute façon. Elle peut faire ce qu'elle veut de toi à présent. « Vas-y, balance moi si ça te fait plaisir. Qu'est-ce que t'attends ? » Dis-tu sèchement et en plantant à nouveau ton regard dans le sien.

Tu ne sais pas vraiment comment réagir avec Rosaë. Un coup vous jouez, un coup elle te met en rogne et s’immisce dans ta vie. Du moins c'est l'impression que tu as. D'un coup vous êtes plutôt sur la même longueur d'ondes et d'un coup vous êtes agressifs l'un envers l'autre. L'alchimie qu'il y a entre vous ne peut pas se nier mais tu ne sais pas vraiment ce que c'est. De l'attirance ? Peut-être. Peu importe. Cela fait longtemps que tu as décidé de ne plus t'attacher à quelqu'un. Parfois tu as des relations d'un soir, mais ça s'arrête là et tu ne revois plus la fille en question. Avec Rosaë, ça ne sera jamais ça. Il ne se passera sans doute jamais rien entre vous, c'est pas étonnant vu que vous êtes totalement renfermés l'un comme l'autre. Bref, tu reprends tes esprits et reviens à la jolie blonde. « Je ne sais pas. Faire tourner la tête à des gens comme toi, peut-être, finalement. » Son but dans la vie c'est ça ? Tu ricanes. Mais au fond, quel est ton but à toi ? Détruire le Capitole est un rêve pas un but car beaucoup savent que tu ne l'atteindra pas. Même si toi, tu penses le contraire. Rosaë te provoques encore, toujours. Pourquoi fait-elle ça ? Tu ne sais pas et pourtant, tu ne peux t'empêcher de la provoquer toi aussi. « Tant mieux, ça voudra dire que tu as un semblant d'intérêt pour moi, non ? » Dis-tu en accompagnant tes paroles d'un sourire en coin. Toujours aussi charmeur. Tu aimes jouer avec elle parce qu'elle a du répondant, c'est différent de ce que tu connais. En général, les femmes à qui tu parles ont bien trop peur de montrer leur arrogance : de peur de te froisser. Mais au contraire, toi tu aimes l'arrogance. Peut-être même un peu trop. Parfois ton arrogance te joues des tours, souvent même. « Parce que tu crois que c'est ce que je vais faire ? Ça m'apporterait rien, j'en n'ai rien à faire, et j'suis pas une balance, moi. » La conversation prend très rapidement une autre direction. Tu détestes qu'on se mêle de ta vie et c'est que tu pensais que Rosaë allait faire. Pourtant, sa réaction te surprends. Alors elle ne va pas te balancer ? Pourquoi ? Tu n'as pas le temps de poser la question qu'elle reprend déjà. « Et arrête de hurler comme ça. Si toi t'as tes petits privilèges, c'est tant mieux pour toi. Moi, si on me prend ici, je finis fouettée dans l'instant. » Tu soupires. Des petits privilèges ? Si elle savait. Tu t'es déjà fait remonté les bretelles, et de nombreuses fois. Pour ton arrogance en partie. Ce n'est pas comme si un Pacificateur ne t'avais jamais frappé, matraqué. Non, ça t'es déjà souvent arrivé. Seulement, tu étais souvent masqué, presque toujours. Lorsque tu fais des attaques rebelles tu es toujours masqué. Et jusqu'ici - par chance - personne ne t'a démasqué. Personne... Sauf Rosaë qui vient de percer un de tes plus grands secrets. Tu braques ton regard sur elle, indignée. « La plupart des gens m'auraient balancés. Ici c'est comme ça. C'est chacun pour soi. Je pensais que... Enfin... Désolé d'avoir pensé ça. » Tu passes une main dans tes cheveux et te pose au sol, t'appuyant contre un tronc d'arbre. « Je n'ai pas de privilèges contrairement à ce que tu penses. C'est juste que lui est plus sympa que d'autres... avec moi du moins. Mais tu n'es pas la seule à devoir supporter les coups tu sais. Va pas croire qu'il ne m'est jamais rien arrivé. » Ton Pacificateur est plus sympa que d'autres grâce à ton père mais ça Rosaë ne comprendrait pas. Tu ne peux pas lui dire ça, ça t'enfoncerais un peu plus. « Et si tu penses vraiment que c'est mon genre d'aller te vendre auprès des autres... alors on n'a plus rien à se dire. » Tu essaies de plonger dans le regard de la jeune femme mais tu n'y vois rien. Aucun sentiment. C'est qu'elle est presque aussi douée que toi pour ne rien laisser paraître. Elle arbore son masque. Comme toi en ce moment. Pourtant, tu n'as pas envie qu'elle s'en aille. Tu ne sais pas pourquoi mais tu ne peux pas la laisser partir... « Non reste... S'il te plaît. Je-Je suis ... désolé pour tout ça. » Oui tu l'es. Parce que la jeune femme n'est sans doute pas comme tu le pensais elle est sans doute plus loyale que tu le pensais. Mais tu restes sur tes gardes : Dieu sait ce qu'elle pourrait faire de ton secret. Tu as juste envie d'en apprendre un peu plus sur elle. A commencer par ce qu'elle faisait ici par exemple ? « Tu chassais ? T'as l'air plutôt douée. » Dis-tu en montrant du doigt l'oiseau mort attaché à sa ceinture.

La jeune blonde rentre dans ton jeu et ça te plaît : jusqu'où est-elle prête à aller comme ça ? Toi, tu joues sans cesse, il te faut toujours plus. Même si ça peut faire des dommages collatéraux tu ne t'en soucies pas. Peu importe ce qu'il peut arriver : tu es tellement joueur que ça a peu d'importance. Et jouer t'as souvent apporté des problèmes. Mais peu importe, tu ne peux pas t'en empêcher. Surtout quand la personne en face de toi te plaît beaucoup. Et c'est le cas de Rosaë. Tu aimes la blondeur de ses cheveux, ses yeux sombres de l'intérieur et pourtant d'un bleu si clair à l'extérieur. Tu aimes le fait qu'elle chasse et qu'elle soit contre les règles, qu'elle franchisse les limites. Tu aimes beaucoup de choses... Trop de choses. Il faut que tu cesses de laisser ton esprit t'emporter, il faut que tu cesses de penser à elle. Elle n'est pas pour toi, Julian, reprends-toi. Tu reprends tes esprits et te promets de ne plus te laisser aller. « Ça voudra dire ce que tu veux, Julian. » Tu lui jette un regard qui en dit long sur tes pensées. La provocation a toujours été ton petit faible, tu ne sais pas vraiment pourquoi. Tu laisses le silence s'éterniser, sans répondre. Tu aimes provoquer des blancs. Cela met mal à l'aise la plupart des gens : pas toi. Tu aimes bien observer la personne avec qui tu parles. Et là, tu ne te gêne pas pour observer la tenue, la chevelure et l'attitude de Rosaë. Toujours aussi sûre d'elle.
Puis, la conversation dérive et tu te retrouves à t'excuser. Malgré ton orgueil démesuré tu sais quand tu dois t'excuser. Et là, tu as mal jugé la jeune blonde alors tu trouves nécessaire de lui présenter des excuses. Tu es quelqu'un de droit et tu n'aimes pas avoir quelque chose à te reprocher. Du moins dans tes relations car pour ta vie, c'est une autre affaire. Finalement c'est la jeune Lionheart qui reprend la parole. Visiblement tes excuses sont acceptées. « C'est rien. » Tu lui adresses un léger sourire, sincère. Mais vraiment léger, tu n'as pas l'habitude de sourire sincèrement. D'habitude, tu arbores ton masque et tu te forces. Mais là, c'est différent. Pour une fois depuis très longtemps, tu es sincère envers quelqu'un. Qui aurait pensé que ça serait envers Rosaë ? Tu détournes la conversation sur la chasse. Apparemment la jeune blonde est plutôt douée et ça t'étonne, tu dois l'admettre. « Je me débrouille. Faut bien trouver de quoi manger. J'ai aucun mérite, on m'a tout appris quand j'étais petite. » Sa première phrase te trouble. Tu ne pensais pas qu'elle vivait aussi mal. Enfin la plupart des gens sont pauvres ici... Vous survivez comme vous pouvez : avec très peu de moyens. Visiblement pour la jeune femme, c'est plus compliqué. Tu lui adresses un regard compatissant, même si elle ne veut sûrement pas de ta pitié. Tu comprends ce qu'elle vit : chez toi, t'es le seul à ramener à manger en dehors de la boulangerie. Heureusement, vous avez du pain tous les jours vous. Pour Rosaë, ça ne doit pas être aussi "simple". Tu n'oses pas t'aventurer sur ce terrain glissant et préfères éviter de parler d'argent. Ici, dans le douze, c'est souvent un sujet sensible. « Ah bon ? Qui t'as appris à chasser, que je lui demande des cours particuliers ? » Demandes-tu en affichant un sourire en coin. Toi aussi t'aimerais ramener autant de proies qu'elle. Bien que la chasse, c'est pas ce que tu préfères. Et puis t'es pas si doué que ça après tout. « A moins que tu me donnes des cours, toi ? » Tu lui lances un regard taquin puis détournes le regard et observes la forêt. Tu aimes cette douceur, ce calme. C'est pour ça que tu viens ici. Et Rosaë ne met pas longtemps à te poser la question. Tu ne sais pas vraiment ce que tu fais ici. C'est peut-être parce qu'il est interdit d'y venir que tu aimes tant passer du temps ici. Tu n'en sais rien à vrai dire. « Je sais pas trop. Je me sens bien ici, j'arrive pas vraiment à expliquer pourquoi. Tu ressens ça ? Cette fraîcheur, cette vie sous nos pieds ? C'est un bon moyen de m'échapper j'imagine. » Dis-tu en haussant les épaules et en effleurant l'herbe du bout des doigts.

Ton regard se perd dans la forêt, loin d'ici. Tu aimerais faire partie de ce monde, vivre ici. Loin du district, loin de ton père, loin des Pacificateurs, loin de tout. Tu ressens le monde sous tes pieds à chaque pas que tu fais dans la forêt, tu ressens la chaleur du sol, la vie des arbres. Tu ressens beaucoup de choses quand tu viens ici : chose qui n'arrive jamais dans le douze. Là-bas, tu as l'impression que tout est mort, tout est vide, tout est noir. Là-bas, personne n'est heureux, ou presque. Là-bas tout le monde vit parce qu'il le faut mais tout le monde aimerait s'en aller. Loin de la société, loin du Capitole, loin de la mine. C'est les paroles de Rosaë qui te ramène à la réalité. Tu poses à nouveau ton regard sur elle, penseur. « Mon père. » Son père ? Tu ne peux t'empêcher de l'envier, tu n'auras jamais ce genre de relation avec ton père. Tout ce qu'il veut c'est que tu vives au Capitole et travaille pour lui. Tout le contraire de ce que toi tu veux. Mais il ne comprend pas, il ne comprendra jamais. Tu as pourtant essayer de lui dire mais il ne veut rien entendre. Alors oui, tu es jaloux de la jolie blonde, tu dois l'avouer. « Chanceuse. Personne ne m'a appris quoi que ce soit à moi. » Dis-tu accompagné d'un regard nostalgique. Même la boulangerie, on n'a pas eu besoin de t'apprendre quoi que ce soit. Tu savais déjà tout. Tu as beaucoup observé ton oncle étant jeune et en grandissant c'était comme une évidence : la boulangerie était ton futur. Une fois majeur, tu es devenu boulanger comme ça, sans qu'on t'ait appris à pétrir la pâte ou encore à former les croissants. Non, tu as dû l'apprendre tout seul. Tout seul. Comme toujours. Tu demandes ensuite à Rosaë si elle t'apprendrait, elle. Sa réponse ne te surprends pas vraiment, ça aurait été trop facile. Et Rosaë n'est pas une fille facile, elle est même plutôt compliquée. Comme toi. « Pour ça, il faudrait que tu le mérites. » Tu ricanes en lui lançant un regard de défi. « T'as peur que l'élève dépasse le maître ? » Tu ne peux t'empêcher de la provoquer à nouveau, même si quelques minutes plus tôt, vous vous disputiez. La jeune Lionheart te demande suite pourquoi tu viens ici. Ta réponse sort naturellement même si tu n'es pas sûr de ce que tu ressens lorsque tu es ici. C'est plutôt compliqué à expliquer, à mettre des mots sur ces sensations. « J'aimerai m'échapper vraiment. Et je comprends ce que tu veux dire. » Tu ne peux qu'être d'accord avec les paroles de la jeune femme. Tu ressens exactement la même chose. C'est comme si s'échapper était la solution finale. Mais tu ne peux pas. « Oui... Mais on ne peut pas. » Tu dois soutenir ton district et continuer la rébellion, tu dois y croire. Mais malgré tout ça, tu ne peux t'empêcher d'imaginer ta vie si tu partais, loin d'ici. Rosaë te fait signe de la suivre et tu te lèves, instinctivement. Où t'emmène-t-elle ? Tu es bien trop curieux et tu la suis, sans te méfier. Et puis te méfier de qui ? Finalement, la conversation revient sur le sujet principal de votre dispute. Toi en Pacificateur. Mais sa question t'étonne, tu pensais qu'elle s'en fichait un peu. « Pourquoi dois-tu devenir Pacificateur ? » Ton père. Encore et toujours lui. Si Rosaë a eut la chance de chasser avec le sien, toi, c'est plus compliqué que ça votre relation père-fils. Trop compliqué même. Tu soupires et passe une main dans tes cheveux, hésitant. Dois-tu lui en parler ? Finalement tu te lances, de toute façon elle connaît déjà ton secret, un peu plus ou un peu moins... « Mon père vit au Capitole. Je suis ici chez mon oncle car mon père n'est pas capable de s'occuper de moi. Il m'a toujours tenu responsable de la mort de ma mère et... ne me supportait pas quand j'étais petit. Maintenant, il me reparle et exige que je sois Pacificateur. C'est peut-être lâche mais j'arrive pas à lui faire comprendre que ce n'est pas ce que je veux, moi. » Tu détournes le regard, légèrement honteux. Tu te fais honte très souvent : par ta double vie, ton comportement envers les rebelles, tes mensonges. Oui, tu as souvent du mal à te regarder dans un miroir.

« J'pourrais t'apprendre quelques trucs, moi. » Tu adresses à Rosaë un sourire malicieux et tendre à la fois. Tu es surpris par sa réponse, tu ne pensais pas qu'elle serait si facile à convaincre. Mais ça te plaît, cette idée de chasser avec elle. Et puis, c'est aussi un bon moyen pour la revoir par la suite. « Très bien, on commence quand tu veux ma belle. » Tu la taquines ensuite en disant que tu risques de la dépasser si elle te donne des cours. Elle est plutôt douée et t'aimerais l'être autant qu'elle mais elle a des années de chasses derrière elle contrairement à toi. Donc non, tu ne prétends pas devenir plus fort qu'elle. Mais tu aimes la taquiner, elle rentre dans ton jeu et démarre au quart de tour, alors tu en rajoutes toujours. Toujours plus. Jusqu'où ce petit jeu peut aller entre vous ? Tu n'en sais rien. « Tu rigoles ou quoi ? Toi, me dépasser ? J'y crois pas une seule seconde. » Son ton provocateur te fait à nouveau ricaner. Est-elle en train de te défier ? Sans doute. Tu ne peux pas la laisser penser ça. « C'est ce que tu crois mais j'apprends vite, très vite. Tu ferais bien de te méfier. » Tu lui adresses un léger sourire, toujours en plantant ton regard dans le sien. Tu la suis toujours quand tu lui confies pourquoi tu es un futur Pacificateur. Ton père, encore et toujours. C'est compliqué à expliquer et c'est pour ça que personne ne sait rien. Personne à part Rosaë à présent. Mais elle ne semble pas être prête à te dénoncer. Pourquoi ? Tu ne sais pas vraiment, n'importe qui l'aurait fait. Mais pas elle. Tu es perdu dans tes pensées quand tu la vois se stopper, tu t'arrêtes juste à temps pour ne pas lui rentrer dedans. Vos deux corps se touchant presque. Vous êtes assez prêts pour que tu sentes son souffle sur ton cou. Elle est plus petite que toi, légèrement. Tu baisses la tête et plonges à nouveau ton regard dans le sien. Vous restez comme ceci pendant quelques secondes, peut-être quelques minutes. Tu n'en sais rien. Tu étais perdu dans son regard, loin, très loin. C'est la jeune blonde qui coupe ce long silence. « Je n'ai jamais connu mon père, en fait. Ni ma mère. » Cela t'étonne, elle a parlé de son père. Mais qui est-ce alors ce fameux père ? Tu es tout de suite moins envieux que tout à l'heure. Elle vit à peu près la même chose que toi. Sauf que toi, ton père est toujours-là. Tu n'as pas le temps de lui répondre qu'elle reprend la parole. De toute façon qu'aurais-tu pu répondre à ça ? Elle ne veut sans doute pas de ta compassion, tu comprends ça puisque tu détestes qu'on te regarde avec pitié. « Je vis aussi chez mon oncle. Enfin, si on peut appeler ça comme ça. Je vais poser une question peut-être bête mais.. pourquoi est-ce que tu te sens forcé de lui obéir ? » Donc ce n'est pas vraiment son oncle ? Tu fronces légèrement les sourcils, un peu confus par sa situation. Qui est-il vraiment alors ? Un oncle d'adoption ? Tu n'en sais rien. Mais quelque chose te dictes de ne pas poser la question. Pourtant, tu meurs d'envie d'en savoir plus sur Rosaë, toi aussi. Puisqu'elle en sait beaucoup sur toi, tu peux en apprendre davantage sur elle, non ? « Ah, un oncle d'adoption ? » Demandes-tu légèrement, sans vraiment attendre de réponse si elle n'est pas prête à t'en donner. Tu reprends la parole très vite, répondant sincèrement. « Je n'avais plus vu mon père depuis quinze ans. Quinze ans sans nouvelles. Alors même si c'est un abruti fini, ça reste mon père. Et je ne peux pas le décevoir. Je ne supporterais pas qu'il me rejette encore comme il l'a fait auparavant. Je suis un lâche. » Tu détournes le regard, n'étant pas prêt à observer de la honte dans les yeux de Rosaë. Elle te prendra sans doute pour un abruti après ça et tu peux faire une croix sur vos cours de chasse ou même sur elle. Qui voudrait rester avec un minable comme toi ? La réponse est simple Julian... Personne.