≈ Every now and then, the stars align, Boy and girl meet by the great design. Could it be that you and me are the lucky ones? Everybody told me love was blind Then I saw your face and you blew my mind. Finally, you and me are the lucky ones this time.

Voila quelques mois maintenant qu'elle l'avait découvert. Adossé à un arbre dans la prairie qui longeait la clôture du Douze penché sur son carnet de dessin. La brune n'avait pas hésité longtemps, reconnaissant bien le Vainqueur mais refusant de se laisser impressionner par ce que l'on pouvait raconter sur lui. Oswell, le terrible Oswell, celui qui avait perdu la raison ; pas à cause des Jeux comme les autres Vainqueurs, mais de la perte de l'amour de sa vie et l'enfant qu'elle portait. Parlant tout seul disait-on, paranoïaque, prenant peur pour un rien. Ce n'était rien par rapport à certain survivant des Jeux, mais il n'en restait pas moins une mauvaise fréquentation. Pourtant, Hestia voulait croire qu'il y avait plus chez cet homme que son attitude renfrognée et ses airs bourrus. Que derrière cette carapace solide se trouvait toujours l'homme qu'il avait un jour été. Alors elle l'avait approché, c'était assis à ses côtés en ignorant les plaintes répétées d'Oswell. « C'est superbe. » souffla Hestia en pointant du doigt la planche de dessin grisée par son crayon, posée sur les jambes rabattues d'Oswell. Depuis maintenant plusieurs années, le Vainqueur publiait des bandes dessinées au Capitole, une activité qui l'aidait à décompresser et qui avait eu, étonnamment, un grand succès dans la capitale. S'il avait été retissant à publier ses œuvres, préférant garder cette activité strictement personnelle, ne partageant ses dessins qu'avec ses proches, il avait pourtant cédé il y a quelques années. Hestia en avait aperçue une copie à l'école où elle travaillait, et n'avait pu s'empêcher d'admirer le charme de la minutie de ses dessins, la beauté de ses histoires. « C'est personnel. » répondit-il sèchement, contrarié d'avoir été surpris de la sorte, rabattant sa planche contre son torse. « Et bien ça ne devrait pas. Vous devriez le partager, vous avez du talent, et c'est dommage de la garder pour vous. » Oswell fronça les sourcils, ne sachant quoi répondre. Il sauta sur ses pieds, ses dessins dans les bras. « Personne ne vous a dit de ne jamais parler aux inconnus ?  » Dans son dos, il entendit la voix haut perchée de la brune lui répondre, mais préféra l'ignorer. Il n'aimait pas être dérangé, encore moins lorsqu'il dessinait ; c'était le seul moment où il pouvait totalement se laisser aller. Et il aurait voulu être en colère contre la jeune institutrice, pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'admettre qu'elle avait raison. Oswell regrettait le temps où il dessinait en compagnie de ses frères et sœurs, où il aimait leur enseigner, s'amuser avec eux. Mais ce temps était bel et bien résolu.

Et l'histoire aurait pu s'arrêter là si la jeune Hestia n'était pas si têtue. Car la brune avait débarqué au pas de sa porte quelques jours plus tard, lui demandant, panier de pâtisseries à la main, de venir présenter ses œuvres à sa classe, à ces enfants qui avaient bien besoin d'un peu d'art dans leur vie. Il accepta à contrecœur, ne pouvant dire non ni à ses grands yeux noisettes, ni aux cookies dissimulés dans son cadeaux. Elle avait du culot pensa-t-il, de venir le déranger ainsi dans sa tanière de vainqueur ; mais il aimait ça. La douce, la joyeuse Hestia, un personnage plein de vie comme il en manquait cruellement dans sa vie. Il vint rendre visite à la classe une fois, puis deux, puis accepta d'enseigner le dessin aux enfants une fois par mois, appréciant la compagnie innocente des jeunes élèves.

« Vous aimez ça, pas vrai ? Leur apprendre tout ça, les voir sourire ? » Le vainqueur sourit timidement, regardant la classe de la brune s’affairer au dessus des feuilles blanches. Il n'avait pas besoin de répondre. Au fils des visites, il avait appris à comprendre Hestia ; lorsqu'elle posait des questions de la sorte, elle savait, et peut importait la réponse de l’intéressé, elle ne changerait pas d'avis. Et elle avait raison. Il adorait ça, partagé ces moments avec tous ces enfants. Ca lui changeait de l'ambiance morbide qui planait autour de lui chaque fois qu'il se retrouvait seul. Pourtant, une autre chose le faisait revenir dans la petite école du Douze : elle. Elle et son sourire, sa bonne humeur, sa simplicité. Avec elle, il se sentait enfin en paix. « Vous êtes plutôt doué avec eux, Mr Prewett. Ils vous aiment bien. »   « J'espère bien. Je suis content de pouvoir les aider. De ... de pouvoir vous aider.  » La brune laissa échapper un sourire sincère. Elle aimait cette lueur dans ses yeux quand il était avec les enfants, et ce sourire qu'il utilisait si rarement. Elle l'aimait beaucoup, pour sur, mais à quel point ? Il avait tout de même près de dix ans de plus qu'elle. Et il l'aimait, pour sur, d'une manière qu'il n'avait retrouvé qu'une fois dans sa vie : lors des premières années avec sa défunte épouse, quand la rousse était encore à ses côté.  Il ne savait plus, et ne voulait pour le moment pas savoir. La seule chose dont il était sur, c'est que ces visites à l’école n'étaient pas prête de se terminer, ne serait-ce que pour le simple plaisir de côtoyer Hestia.